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Fournier

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Histoires offertes

La nuit de Laura

Langue : Français

Genres : FantastiqueHorreurNouvelle

Âge : À partir de 18 ans

Avertissement(s) : Contient des scènes violentes

Temps de lecture estimé : environ 12 minutes

Licence : Licence Creative Commons - Attribution - Utilisation non commerciale - Pas de modification

Date de publication : 22/03/2023

Nombre de lectures : 7

Laura était plantée devant la psyché de sa chambre, à s’observer sans s’observer, le regard perdu dans le vide.

— Ça y’est, c’est le grand jour, lança-t-elle à son reflet. Dix-huit ans. Ce soir, à deux heures vingt-sept pour être précise. Je vais enfin être moi, être celle que j’attends depuis le premier jour.

Elle avait tellement hâte. Cela faisait des semaines qu’elle se préparait, que sa mère la formait pour SA nuit, la première d’une longue liste. Elles avaient envisagé tous les cas de figure. Elles n’avaient rien laissé au hasard.

Laura savait qu’elle était prête. Pourtant, à l’intérieur, c’était la panique. Car, malgré tous les plans qu’elles avaient pu imaginer, sa mère et elle, il pourrait encore arriver un imprévu. Sa meilleure amie Samantha pouvait en témoigner. Sa nuit avait été un fiasco. Depuis, elle n’était plus elle-même. C’était peu de le dire : la pauvre se balançait d’avant en arrière à longueur de journée tel un Culbito et ses nuits étaient constellées de cauchemars. En fait, d’un seul et même cauchemar : son échec cuisant. Laura avait peur qu’il lui arrive la même chose.

— Non, toi, tu vas réussir, l’admonesta son reflet dans le miroir.

— Oui, je vais y arriver, déclara Laura.

Elle vérifia une dernière fois sa tenue. Elle était parfaite : mini-jupe en cuir noir, tee-shirt ras du nombril blanc fendu d’un I’m a sexy girl en fins faux diamants, cheveux châtain clair dont elle avait mis près d’une heure à parfaire les ondulations, maquillage léger. Il ne manquait plus que ses escarpins rouges et leurs talons aiguilles de quinze centimètres pour être la plus sublime des femmes à des kilomètres à la ronde.

— Tu es prête ? demanda Miranda, sa mère.

— Oui, annonça Laura.

— Alors, en route.

Les deux femmes montèrent dans la vieille Cadillac familiale. Elles gagnèrent la maison des Edermann à une quinzaine de miles de là. Miranda en profita pour délivrer ses derniers conseils, les tous derniers qu’elle donnerait à Laura pour le restant de sa vie. Parce que, ce soir, les deux femmes se sépareraient pour toujours.

Miranda avait le cœur lourd. C’était sa sixième et ultime fille qu’elle lâchait dans la nature, à la merci de tous les dangers. Mais, comme ses sœurs, Laura avait reçu la meilleure éducation possible, avait été préparée à tout ce que la vie lui réservait, à tous les périls qu’elle encourait.

Miranda lâcha quelques blagues afin de dérider sa fille dont l’anxiété montait à mesure que diminuait le nombre de miles jusqu’à leur destination finale. Cependant, aucune des deux femmes n’avaient le cœur à rire. Aussi, à mi-parcours, Miranda se tut-elle.

Les Edermann habitaient un magnifique palace, patchwork entre un fort écossais, le palais de Buckingham et un château de la Loire. Miranda remonta le large chemin qui desservait la bâtisse. Elle se gara devant un escalier en pierre blanche. Un voiturier ouvrit la portière de Laura.

— Adieu maman, dit-elle, la voix tremblotante.

— Adieu ma fille, répondit Miranda, les larmes aux yeux. Que ta vie soit longue et belle.

Laura adressa un dernier sourire à sa mère puis descendit. Miranda regarda sa fille monter les marches.

— Pourvu que tout se passe bien, se parla-t-elle.

L’intérieur du château aurait plu à Donald Trump : sol en marbre, colonnes d’inspiration grecque finement dorées, tableaux d’un kitch dépassé, statues en stuc, le summum de l’élégance des roturiers aux poches remplies de dollars.

Il y avait foule. Edward Edermann, le quarterback vedette de l’équipe de football du lycée et surtout organisateur de cette « party » telle qu’il aimait la qualifier, avait annoncé qu’il avait envoyé pas moins de cinq cents cartons d’invitation. Et il savait que rares seraient ceux qui refuseraient de venir : on ne disait pas non à un Edermann !

Laura ne reconnut pas grand monde. Elle repéra quelques camarades de lycée. Tous s'étaient mis sur leur trente et un. Sauf la gothique Dolores Davis. D'ailleurs, Laura s'étonna qu'elle soit là. Jamais elle n'aurait pensé que celle que tout le monde qualifiait de sorcière serait venue ce soir. D'autant plus que jamais elle n'aurait pensé que l'hôte des lieux l'aurait invitée ! Quoi que : les Davis étaient l'une des familles les plus riches de Brinsdale, juste derrière les Edermann d'après les rumeurs.

Par contre, celle qui n'avait rien à faire là, c'était elle, Laura. Sa mère avait juste de quoi payer leur loyer et leurs besoins alimentaires. En outre, plus Laura regardait les tenues autour d'elle, plus elle s'apercevait qu'elle ne collait pas au décor. Toutes les filles portaient de magnifiques robes en soie faites de frous-frous et dentelles qui avaient dû coûter plusieurs centaines de dollars quand elle, elle n'était vêtue que pour moitié moins !

Mais elle n'était pas là pour se lamenter sur sa tenue. Ce soir était SA nuit et elle ne voulait pour rien au monde la rater.

Laura serpenta entre les invités qui s'amassaient telles des sardines dans le luxe des Edermann. Elle atteignit enfin le jardin, dans l’espoir de retrouver un peu d'air. Force était de constater qu'elle devrait prendre son mal en patience : il y avait encore plus de monde dehors. La vaste pelouse était massacrée par une foule de chaussures et talons aiguilles qui s'enfonçaient dans la terre, tuant peut-être au passage quelques vers de terre, taupes et autres habitants souterrains.

Elle entendit un cri au-dessus de sa tête. Elle leva le nez juste à temps pour voir Quentin Miller, le meilleur ami d'Edward, sauter du balcon du premier et atterrir dans la piscine à l'eau surchauffée plantée en dessous.

— Tu es venue, déclara une voix chaleureuse dans son dos.

Laura se retourna. Edward se tenait en face d'elle. Enfin, surtout son poitrail. Car le quarterback faisait une tête de plus qu'elle. Laura fit pivoter sa tête en arrière et planta son regard dans celui envoûtant de l'organisateur de la « party ».

Laura était arrivée à Brinsdale en début d'année. Edward avait tout de suite flashé sur elle. Elle en avait profité, avait joué la séductrice avec lui, l'avait allumé dès qu'elle le croisait, avec la volonté cachée qu'il soit son premier. Pourtant, malgré ses efforts, il ne s'était encore rien passé entre eux. En effet, la famille Edermann ne pouvait tolérer que l'un de ses membres sorte avec la fille d'une vulgaire enseignante, remplaçante de surcroît.

Mais Edward avait promis que, si elle venait, alors, ils sortiraient ensemble. Le jeune homme voulait s'émanciper, se débarrasser de la chape d'idées vieillottes de ses parents et aïeuls. Cela convenait tout à fait à Laura.

— Je n'aurais manqué cela pour rien au monde, déclara-t-elle.

— Tu n'es donc pas venue pour moi ? s'enquit Edward, une pointe de déception dans la voix.

— Bien sûr que si. Quand je dis que je n'aurais manqué cela pour rien au monde, c'est de te voir me cueillir dans tes bras à la face de tous ceux présents ici dont je parle.

— S'il n'y a que cela pour te faire plaisir !

Edward passa un bras à faire pâlir Schwarzenegger autour de la taille fine de Laura et l'attira contre lui. Pendant quelques secondes, ils s'observèrent. Laura admira les beaux yeux bleus cerclés de paillettes argentées de son tentateur, sa mâchoire carrée, ses pommettes saillantes. Il n'y avait pas à dire, Edward était un pur canon. Lui était aussi bien servi : Laura affichait un visage allongé agrémenté d'un nez parfait, de lèvres charnues et d'yeux vert-gris légèrement bridés – héritage de son père coréen mort avant sa naissance. Quant au reste de sa silhouette, elle aurait pu servir à dessiner la prochaine poupée Barbie ! Mais bon, dans sa famille, tout le monde était ainsi.

Edward posa avec délicatesse ses lèvres sur celle dont il rêvait faire sa petite-amie. Il espérait qu'elle ne le repousserait pas. Oserait-elle d'ailleurs ? Il était un Edermann après tout.

Laura ne réagit pas. C'était son premier baiser. Elle ne savait pas trop ce qu'il convenait de faire. Aussi laissa-t-elle Edward mener la danse. Elle n'eut pas longtemps à attendre : le bellâtre fit courir sa langue sur ses lèvres. Elle les entrouvrit, le laissa pénétrer en elle. Il vint caresser sa langue, se mit à danser autour. Laura fit de même.

Ce n'est pas inintéressant, se dit-elle. C'est même plutôt agréable !

Ils restèrent ainsi un long moment. Puis Edward se décolla d'elle. Autour d'eux, les conversations s'étaient tues. Tout le monde les observait, lui l'héritier d'une fortune colossale et elle une simple fille sans le sou.

— Je crois que dans moins de cinq minutes, tous les invités seront au courant pour nous, murmura Edward à l'oreille de Laura.

— Tu ne risques pas d'avoir des problèmes avec tes parents ?

— Pas avant lundi. Ils sont à Aspen afin de ne pas gâcher la « party ».

Edward la présenta à plusieurs invités. Tous la saluèrent poliment, esquissèrent parfois un sourire qui n'avait rien de chaleureux. Laura pouvait lire en eux comme dans un livre ouvert : aucun n'approuvait leur idylle naissante.

Mais aucun ne savait qu'il ne s'agissait point d'une idylle. Peut-être pour Edward était-ce le cas. Non, c'était le cas ! Pas pour Laura : elle était là pour se servir de lui puis après...

La soirée se poursuivit encore jusqu'à tard dans la nuit. Tous s'amusèrent, dansèrent, discutèrent, s'esclaffèrent. Edward promena Laura, le torse bombé tant il était heureux de son nouveau trophée.

Laura minauda, se colla à lui, ronronna à chacun de ses baisers, les lui rendit en y mettant autant de passion qu'elle le put. Au fur et à mesure, Edward se dévergonda. Il lui caressa les fesses, lui attrapa le menton pour l'embrasser avant que sa main ne descende jusqu'à la naissance de ses seins.

Laura jubilait. Tout ce qu'elle avait imaginé avec sa mère se déroulait sans accroc. D'ici peu, elle n'aurait plus qu'à cueillir son pseudo petit ami.

Elle était aussi heureuse car, à mesure que l'heure de son dix-huitième anniversaire approchait, elle sentait quelque chose changer en elle. Elle avait chaud puis froid. Son estomac se contractait, sa respiration se saccadait, son cœur s'emballait, ses tripes se tordaient comme si tous ses organes avaient entamé une rumba d'enfer en elle.

Puis deux heures vingt-sept sonna. Et là, elle sut qui elle était. Elle se sentit entière. Enfin presque. Car il lui restait une étape à franchir. Par chance, c'était sur la bonne voie : Edward était chaud bouillant !

Il était six heures du matin quand le dernier invité tira sa révérence. Les domestiques auraient du travail à leur réveil. Les verres et assiettes en plastique avaient élu domicile un peu partout dans la propriété. Certaines boissons avaient fini leur course sur les beaux tapis persans au lieu des gosiers de leurs propriétaires. La pelouse n'avait plus que le nom, l'eau de la piscine arborait un vert des plus incongrus.

— Tu veux que je te ramène chez toi ? s'enquit Edward.

— Tu as envie que je parte ? répondit Laura, une pointe de déception dans le regard.

— Non ! Bien sûr que non ! Mais peut-être ta mère t'attend-elle ?

— J'ai dit que je dormirai chez Jennifer.

— Jennifer Waltman ? Mais je ne l'ai même pas invitée !

— Tu le sais. Je le sais. Pas ma mère !

— Petite cachottière ! pouffa Edward.

Si tu savais à quel point !

— Alors, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Laura.

— Viens.

Edward la tira par le bras et monta le large escalier – en marbre – jusqu'au premier. On aurait dit un enfant surexcité à l'idée de montrer le dernier jouet que ses parents lui avaient offert. Laura espérait que c'était SON jouet qu'il lui montrerait !

La chambre du jeune homme était conforme à ce qu'elle s'attendait de la part d'un parti bourré de fric : elle était aussi vaste que la maison de Laura, le sol était un véritable parquet en chêne, le lit aurait pu accueillir cinq personnes, une télévision à écran géant était fixée au mur au-dessus d'une collection de consoles dernier cri. Mais Laura n'eut pas le temps d'en profiter : Edward se jeta sur sa bouche et y engouffra sa langue avec ardeur. Laura essaya de lui répondre. À première vue, elle s'y prenait bien car Edward poussa de petits gémissements de contentement.

Ses mains se mirent à courir sur elle. D'abord dans le dos, puis le long de sa chute de reins avant de s'attaquer à ses fesses. Il remonta, passa sous le tissu de son tee-shirt.

Laura avait des frissons partout. Elle adorait sentir les mains d'Edward lui caresser la peau. À son grand étonnement, elles étaient d'une telle douceur qu'il aurait pu s'agir de celles d'une fille.

Il atteignit son soutien-gorge. En moins de deux secondes, il le dégrafa. Un expert ! pensa Laura. Il passa devant, cueillit ses seins aux tétons durcis par le plaisir. Il les titilla, joua avec de ses doigts coutumiers du fait. Laura poussa de petits cris de plaisir. C'était tellement bon.

Edward se recula, lui passa le témoin. Elle le força à retirer sa chemise. Sa musculature était impressionnante, attirante, alléchante. Elle laissa courir ses doigts sur son torse, sur ses abdos. Puis elle suivit la ligne de poils noirs qui partaient de son nombril et descendait sous la ceinture de son pantalon.

Edward était aux anges. Laura aussi : bientôt, elle aurait ce qu'elle était venue chercher. Bientôt, elle serait parfaitement accomplie.

Le bellâtre reprit la main. Il souleva Laura qui passa ses jambes autour de sa taille. Il l'amena jusqu'au lit et la déposa dessus. Il lui remonta la mini-jupe. Il embrassa son paradis à travers son string. Au bout de longues minutes, il retira le fin morceau de tissu. Il partit alors à l'assaut de son intimité, attaqua les plis et replis du bout de la langue.

Comme c'est bon ! Maman m'avait dit que ça pouvait être merveilleux. C'est mieux que ça. C'est divin !

Elle planta ses ongles dans la peau du dos d'Edward à mesure que le plaisir montait. L'extase était toute proche. Elle griffa l'épiderme de son amant tout en gémissant de contentement.

Soudain Edward se releva.

— Pourquoi arrêtes-tu ? C'est si bon, se lamenta Laura.

— Ne t’inquiète pas, je n'ai pas fini ! répondit Edward.

Il retira son pantalon et son boxer, dévoila son sexe au zénith.

Ça y'est, les choses sérieuses vont commencer. C'est là que tout se joue. J'espère qu'il sera à la hauteur. Maintenant, vu le traitement qu'il vienne de me servir, je suis sûre qu'il n'échouera pas. Malheureusement pour lui !

Laura se débarrassa de son tee-shirt et de sa jupe. Edward se jeta sur elle et lui dévora les seins. Il remonta jusqu'à son cou, y déposa mille baisers. Laura ne savait plus que penser. C'était au-delà de ce que sa mère lui avait raconté.

Edward s'allongea enfin sur elle. Lentement, il la pénétra.

— Je suis vierge, lui indiqua-t-elle.

— Je vais faire attention, assura Edward.

La douleur monta à mesure qu'il s'enfonçait en elle. Sa mère l'avait prévenue. Pourtant, elle ne s'attendait pas à ce que ce soit si douloureux.

— Vas-y d'un coup ! supplia-t-elle.

— Tu es sûre ?

— Oui.

Edward s'exécuta. La déchirure fut brutale. Elle poussa un petit cri. Mais, c'était fait. Il ne restait plus qu'à atteindre le septième ciel et SA nuit serait alors parfaite.

— Ça va ? s'inquiéta Edward.

— Maintenant oui.

Edward entama de lents va-et-vient. Laura sentit l'excitation monter. Elle avait chaud, tellement chaud. Elle caressa le dos de son amant, descendit jusqu'à ses fesses, les caressa, les malaxa, appuya dessus pour qu'il s'enfonce plus en elle. Elle passa ses jambes autour de sa taille, s'offrit entièrement.

C'était si bon, si exceptionnel. Les sensations étaient euphorisantes, délicieuses.

Soudain, tout explosa. Un feu d'artifice aux mille teintes tambourina dans sa tête. Elle cria de plus en plus fort à mesure que l'orgasme montait.

Edward ne fut pas en reste. Il accéléra en même temps que ses cris. Dans une parfaite harmonie, ils hurlèrent leur plaisir.

Edward sortit de son intimité et s'allongea près de sa dulcinée. Ils respiraient fort, étaient trempés de sueur.

— Waouh ! s'exclama le riche héritier.

— Attends, ce n'est pas terminé, annonça Laura.

— Il va falloir que tu me laisses me reposer quelques instants si tu veux qu'on recommence.

— Pas besoin. Je vais prendre le relais.

Laura se leva et se plaça à califourchon sur Edward.

Celui-ci la contempla avec envie. Elle était si belle, si envoûtante. Il avait attendu si longtemps sous prétexte qu’elle n’était pas de son monde. Mais on était plus au Moyen Âge. Il avait bien le droit d’aimer qui il voulait. Or, c’était elle qu’il aimait. Elle était parfaite pour lui.

Seulement, son bonheur fut de courte durée. Le sourire qui barrait le visage de Laura mourut. Ses cheveux se résorbèrent jusqu'à disparaître sous la peau de son crâne. Son menton s'allongea, le haut de sa tête s'élargit. Ses yeux se transformèrent en deux immenses globes sombres. Ses bras mincirent jusqu'à devenir de longues pattes sur lesquelles émergèrent des piques acérées. La peau verdit tel l'incroyable Hulk. Mais Laura n'était pas la conséquence d'une exposition aux rayons gamma d'une explosion atomique. Elle était une Mantis Religiosa Humana, une mante religieuse humanoïde.

Edward hurla de terreur. Il tenta de s'extirper de dessous Laura. Mais celle-ci le maintenait avec fermeté entre ses jambes. Il était sa proie, sa première, et elle n’avait aucune intention de la laisser partir.

Elle écarta ses mandibules et se jeta sur son cou. Elle pénétra la peau, atteignit la carotide. Elle y injecta son venin qui, en quelques minutes, allait réduire les organes de son amant à l'état de liquide dont elle pourra se repaître.

Elle se releva, libéra enfin Edward. Celui-ci voulut se lever. Il tomba avec mollesse sur le sol, ses jambes incapables de le supporter.

— Tu ne peux plus rien faire, déclara Laura. C'est trop tard. Tu vas mourir.

— Pourquoi ?

— C'est comme cela dans mon espèce. Le jour de leurs dix-huit ans, toutes les Mantis doivent s'accoupler afin que la métamorphose soit complète. Il y a encore quelques heures à peine, j'étais une fille comme une autre. J'aurais pu le rester. Il suffisait que je ne copule pas. Mis à part que je rêve depuis toute petite de m'accomplir en tant que Mantis. C'est chose faite. Grâce à toi.

Edward s’effondra sur le sol, vaincu. Laura l'observa, attendit que la vie s'éteigne. Elle n'eut pas longtemps à attendre. Alors, elle se pencha de nouveau au-dessus de lui et entama son festin, le premier d'une longue vie, celle qu'elle attendait depuis si longtemps. Elle aspira avec appétit ce qui avait constitué le cœur, l’estomac, le pancréas, les intestins d’Edward.

Son festin terminé, elle se releva. Edward n’était plus qu’une enveloppe, qu’une peau sans organe ni squelette, une poupée gonflable dégonflée.

J'ai réussi, se félicita Laura.

Cette journée était la plus belle de sa vie. Elle était exceptionnelle. D'ici quelques mois, elle donnerait naissance à son premier enfant, celui qu'Edward avait fait germer en elle grâce à sa semence. Ce serait le premier d'une longue lignée, espérait-elle.

Si c'était une fille, elle l'élèverait pour qu'elle devienne une bonne Mantis Religiosa Humana.

Si c'était un garçon...

Il n'y avait pas de garçon chez les Mantis Religiosa Humana !

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